Crue exceptionnelle de la Sirba : le pic de crue touche la cote rouge

A 07h10 du 24 juillet l’hydromètre de Bossey Bangou, station en amont du SLAPIS (Système Locale d’Alerte Précoce contre les Inondations de la Sirba), a enregistré 714 cm, c’est à dire 1533 m3/s, cinq centimètres en dessus de la cote rouge fixée à 709cm. Toutefois le taux de croissance a beaucoup baissé au cours de la dernière journée et on peut supposer que le pic de la crue sera rejoint, dans la partie en amont de la rivière, dans la journée d’aujourd’hui. C’est encore tôt pour dire que on est sur le plateau de la courbe, de plus que à partir de ce soir des précipitations sont attendues dans le bassin de la Sirba tant du côté burkinabé que de celui nigérien (nous informe la DMN).

La vague de crue se propage en aval plus lentement de ce que les modèles hydrauliques avaient estimé, donc un peu plus de temps reste aux populations en aval pour se mettre à l’abri, de plus que la première alerte a été donnée le lundi 20 juillet quand le niveau de la Sirba à Bossey Bangou à dépassé le niveau Orange. Cependant, le débit de la Sirba à fait monter rapidement aussi le niveau du fleuve Niger, qui à Niamey monte d’environ 25 cm par jour. La cote de vigilance jaune, fixée à 530 cm sera dépassée dans la journée d’aujourd’hui.

La crue exceptionnelle de la Sirba a déjà fait beaucoup de dégâts au niveau des champs de culture et commence affecter les villages. En particulier dans la journée du 23, ont été Bossey Bangou et Touré les villages où l’eau a commencé submerger les concessions et où les premières maisons sont tombées. A Talle, le principal centre maraicher et de cultures irriguées de la zone, on nous reporte beaucoup de dommages au niveau agricole. Pour l’instant aucune victime a été signalée, en démonstration que si elle ne peut rien contre la dévastation des champs, l’alerte précoce peut sauver de vies.

Dans cette situation d’urgence, l’alerte se base sur la prévision hydraulique faite à partir des mesures des stations automatiques. Elle permet de faire une prévision de la croissance de la crue sur la Rivière Sirba et le Fleuve Niger en fonction des taux de croissance calculée dans les derniers 24 heures. La prévision suivante est mise à jour avec les enregistrements jusqu’à 9h du 24/7/20 (Tableau 1).

La situation à Garbey Kourou montre une forte augmentation qui est strictement lié à la croissance observée en amont au cours des jours passés à cause du temps de propagation de la vague de crue entre les deux station e mesure. Bien que la situation soit déjà très grave on suppose que le seuil rouge ne sera pas atteint avant 4 jours.

Sur le Fleuve Niger le développement actuel de la crue est très intense en forte augmentation sur la situation observée hier. Le seuil jaune sera rejoint dans la journée d’aujourd’hui 24/7 et très probablement déjà au cours de la matinée. Avec ce fort taux de croissance le seuil orange sera probablement rejoint dans la journée de demain (25/7). Si la montée se prolonge de la même
allure le niveau rouge sera probablement atteint le jour après (26/7) et la crue historique maximale le 27/7, bien que cette prévision à moyen terme est moins précise que les autres.

Les débits à la station hydrométrique de Bossey Bangou bien que continuent à augmenter montrent un ralentissement (Figure 1) qui nous suggère qu’après le dépassement du seuil on doit s’attendre un aplatissement de la courbe. On ne peut pas dire si on est sur le plateau car les pluies prévues en amont peuvent inquiéter et éventuellement aggraver la situation (Figure 2).

Si les débits enregistrés à Bossey Bangou vont toucher la station de Garbey Kourou il serait le débit maximum jamais observé depuis l’installation de la station en 1956. Ce débit est plus haut de celui enregistré dans la crue du 2012 (1403 m3/s) qui a causé beaucoup des dégâts le long de toute la rivière. L’effet de la lamination le long de la rivière qui a amorti la croissance des débits dans les journées passées n’est plus efficace et maintenant la croissance est strictement liée à l'augmentation observée en amont
pendant les jours passée.

Le seuil rouge et le débit maximum historique sont pour l’instant suffisamment loin mais les prévisions météorologiques qui signalent la reprise des précipitation sur le bassin de la Sirba pourront éventuellement aggraver la situation (Figure 3).

La crue à Niamey du Fleuve Niger ne dépend pas seulement des apports de la Rivière Sirba mais le taux de croissance des derniers jours a montré une forte corrélation aux débits provenant de cette rivière qui à l’état actuel contribue environ à 50% des apports. Les débits du Fleuve Niger sont en plus alimentées par les autres affluents de rive droite (Gorouol et Dargol) qui amènent la même crue provenant du territoire burkinabé et font que le taux de croissance à Niamey est plus fort de celui de la Sirba. Malheureusement les stations en amont de Kandaji, Kakassi et Alcongui ne disposent d’un système de télétransmission des données et donc elles ne peuvent pas être utilisées en temp-réel.

Ces prévisions hydrauliques sur Niamey ont un dégréée d’incertitude majeure mais il faut quand même souligner que le volume d’eau provenant de la rivière Sirba se jettera entièrement au cours des prochains jours dans le Fleuve Niger provoquant un substantiel augmentation des débits au niveau la Ville de Niamey. Le fort taux d’augmentation des débits sur le Fleuve donne beaucoup d’inquiétude parce que, si la crue monte avec le même taux les trois seuils et aussi le maximum historique qui a été signé l’année passée pourraient être rejoints en 3 jours seulement.

Comme signalé par la Direction de l’Hydrologie avant le démarrage de la saison des pluies, les digues de protection à Niamey déjà stressées et réparé après la crue de l’année 2019 pourraient n’être pas capables, sans un renforcement substantiel, de supporter un évènement d’inondation de la même magnitude de celui du 1er septembre 2019.

Cette Note a été élaborée dans le cadre du Projet ANADIA2, co-financé par l’Agence Italienne pour la Coopération au Développement et réalisé par l’Institut pour la BioEconomie du CNR, le DIST du Polytechnique de Turin et la Direction de la Météorologie Nationale du Niger. Le Système Local d’Alerte Précoce contre les Inondations de la Sirba (SLAPIS) a été développé en collaboration avec la Direction de l’Hydrologie du Niger.

Tableau 1 - Dépassement des seuils de vigilance sur la rivière Sirba (Bossey Bangou et Garbey Kourou) et Niamey : en rouge les
dépassements prévu et pas encore rejoint.

Figure 1 – Observations et prévisions sur la rivière Sirba à la station hydrométrique de Bossey Bangou : les lignes colorées
représentent les seuils de vigilance.

Figure 2 - Prévision GFS sur le bassin de la Sirba pour les prochaines 72h: précipitation cumulée

 

Figure 3 – Observations et prévisions sur la rivière Sirba à la station hydrométrique de Garbey Kourou : les lignes colorées
représentent les seuils de vigilance et la crue maximum historique du aout 2012.

 

Figure 4 – Observations et prévisions sur le Fleuve Niger à la station hydrométrique de Niamey : les lignes colorées représentent les seuils de vigilance et la crue maximum historique du septembre 2019.

Cérémonie officielle de rémise des chèques à 375 jeunes entrepreneurs, bénéficiaires du projet JEM Centre-Est

L’Organisation internationale pour les migrations (OIM) met en oeuvre depuis 2017, le projet de « renforcement de l’employabilité et de l'entreprenariat des jeunes pour réduire les risques de migration irrégulière dans la région du Centre-Est (JEM-Centre Est) », co-financé par l'Agenzia Italiana per la Cooperazione allo Sviluppo (AICS). Ce projet a pour objectif global de promouvoir les activités génératrices de revenus et de renforcer l’employabilité des jeunes en guise d’alternatives à la migration irrégulière mais également de favoriser leur insertion socioprofessionnelle.

Dans le cadre de la mise en oeuvre de ce projet, 750 jeunes de la région du Centre-Est ont été formés en techniques de création et de gestions de micro-entreprises. Ces derniers appuyés par des spécialistes, ont élaboré des plans d’affaires qui ont par la suite fait l’objet d’une évaluation par des comités de sélection mis en place dans chacune des trente communes de la région avec des représentants des services techniques déconcentrés et de l’OIM.

Cependant, seule la moitié a pu bénéficier d’un accompagnement financier. Pour parvenir à des entreprises structurées, productives et pérennes le projet a procédé dans un premier temps à leur formalisation auprès du Centre de formalisation des entreprises (CEFORE), puis établi un partenariat avec deux institutions financières pour la gestion des fonds. Enfin, tout ce dispositif est complété par un suivi-coaching individuel assuré par des ONG.

Afin de marquer le début de la mise à disposition des fonds, le 7 juillet a eu lieu à Tenkodogo la cérémonie officielle de remise de chèques aux promoteurs en présence des autorités et de ses partenaires, parmi lequel la Chef de Mission pays de l'OIM, le Ministre de la Jeunesse et de la promotion de l’entrepreneuriat des jeunes, l'Ambassadeur de la Belgique au Burkina Faso et le Directeur de l'AICS de Ouagadougou.

La cérémonie a donc marqué le démarrage effectif des activités entrepreneuriales des 375 jeunes promoteurs de la regione du Centre-Est à travers la mise à disposition des fonds nécessaires, au total 750 milions de FCFA, pour l’exécution des différents projets.

Cérémonie de clôture du projet “IDEE” de soutien à l’entreprenariat des jeunes au Niger

Le 26 juin a eu lieu la cérémonie de clôture du projet «  IDEE - Initiatives pour le Développement de l'Entreprise » cofinancé par l’Agence Italienne pour la Coopération au Développement (AICS) et mis en œuvre par l’OIM Niger.

L’évènement s’est déroulé à Niamey et a vu la participation du Gouverneur de la Région de Niamey, Assane Karante, de la Cheffe de Mission de l’OIM au Niger, Barbara Rijks, du Secrétaire General du Ministère de l’Entreprenariat des Jeunes, Abdoulkadri Hama, des partenaires, des bénéficiaires et du Représentant de l’AICS de Ouagadougou Lorenzo Bianco qui est intervenu au nom de l’Ambassadeur d’Italie au Niger Marco Principe.

« Ce projet » a souligné l’Ambassadeur « a accru les opportunités d’emploi des jeunes nigériens dans les régions de Niamey, Tahoua et Zinder à travers le renforcement de leurs capacités techniques et l’appui aux entreprises locales et a sensibilisé la population cible sur l’emploi local et la création d’activités entrepreneuriales comme alternative à la migration irrégulière. Il s’inscrit, donc, dans la volonté des politiques gouvernementales à soutenir l’entreprenariat juvénile pour combattre le chômage et à revitaliser l’économie nigérienne à travers des entreprises innovantes et vertes visant à développer les secteurs porteurs de l’économie locale.» L’Ambassadeur a aussi exprimé ses félicitations aux 9 lauréats du projet « IDEE », qui ont reçu une prime pour le succès de leur activité professionnelle.

Le projet « IDEE », lancé en 2017, est intervenu dans les chefs-lieux des trois régions à savoir Niamey, Tahoua et Zinder, en ciblant principalement deux groupes d’entrepreneurs : des jeunes entrepreneurs nigériens qui ont déjà leurs entreprises en activités et des jeunes nigériens diplômés porteurs d’idées de projet.

Dans sa première phase, « IDEE », à travers le comité de sélection qui comprenait tous les partenaires du projet, a procédé à la sélection de 36 entrepreneurs. Ces entrepreneurs ont, ensuite, été accompagné dans le développement de leurs activités selon un programme d’incubation bien défini, un support continu technique et la formation technique des entrepreneurs ou de leurs employés, le support en équipement et microcrédit, la participation aux foires nationales et/ou internationales et à des journées de réseautage.

Dans la deuxième phase l’ONG Terre Solidali a lancé une campagne de collecte d’idées d’entreprises chez les jeunes diplômés qui s’est achevée avec 917 idées collectées. Après un choix fait sur la base des critères de sélection décidé par le comité de sélection du projet, un total de 775 idées ont été retenues pour passer à la phase de sélection sur la base des idées faisables et soutenables, de ce fait 599 jeunes ont été retenus pour participer à une formation en gestion d’entreprise et écriture de plans d’affaires (business plan). Ainsi, 383 plans d’affaires ont été finalisés dont 50 ont été retenus pour participer à une première phase de pré incubation chez le CIPMEN pour une durée de 3 mois, ayant comme but de tester l’engagement des bénéficiaires vis-à-vis du projet. A la fin de cette formation, 39 jeunes (dit deuxième groupe) ont été sélectionnés pour accéder à l’appui intégré du projet « IDEE ».

La troisième phase a consisté à l’accompagnement d’entreprises déjà en activité avec une forte capacité à créer de l’emploi sélectionnés parmi les entrepreneurs déjà en activité. Ce troisième groupe a été sélectionné pour donner la possibilité à d’autres entrepreneurs d’accéder à l’appui intégré du projet « IDEE » car des bénéficiaires étaient sortis ou éliminés par manque d’engagement. Ces derniers ont directement intégrés le programme d’incubation de décembre 2019 à avril 2020. 21 bénéficiaires ont été accompagnés sur cette phase.

Globalement un total de 104 jeunes nigériennes ont été à différents titres, bénéficiaires du projet « IDEE », grâce auquel ont aussi pu, entre autres, participer et exposer leurs produits à la SIAO (Burkina Faso), I4Dev (Niamey), 5eme édition du Salon des Banques et PME de l'UEMOA (Cote d’Ivoire), Au SAFEM (Niamey), A la Foire de l’emploi (Tahoua), Au Salon Sahel (Niamey) au SANEF (Niamey) en plus de 4 journées de réseautage du projet IDEE.

En conclusion, ce projet, fruit de l’excellente coopération entre le Niger et l’Italie, comme l’Ambassadeur Prencipe a souligné, «a su apporter une réponse flexible et rapide aux nombreux défis à relever en matière d’employabilité des jeunes, à travers la création d’opportunités d’emploi pour la jeunesse ainsi que des véritables opportunités économiques pour les populations locales.»

Les candidatures pour la dixième édition du Master Agrinovia sont ouvertes: une occasion unique pour se former sur le développement et l’innovation rurale

Les activités du projet "Agrinovia 3.0 : apprendre à innover en partenariat pour lutter contre la pauvreté et l'insécurité alimentaire en milieu rural", mené par l'Université de Roma Tre, en partenariat avec l'Université Joseph Ki Zerbo de Ouagadougou, se poursuivent. Agrinovia est un programme de formation universitaire et professionnelle, financé par l'Agence Italienne pour la Coopération au Développement, dont l'objectif est de développer de nouvelles compétences pour soutenir le développement rural et l'innovation au Burkina Faso et en Afrique de l'Ouest, en contribuant à améliorer l'impact des actions de développement durable et participatif, conformément à l'Agenda 2030.

C'est en 2010, grâce au soutien de la Coopération italienne et à l'implication de Roma Tre, que le Master "Agrinovia, apprendre à innover en partenariat" est né : un cours multidisciplinaire de douze mois (trois mois intensifs en classe, quatre mois de recherche sur le terrain, plus la rédaction d'une thèse), qui intègre les compétences techniques et socio-économiques pour une approche intégrée au développement rural, en proposant des modules de formation sur des sujets tels que la sécurité alimentaire, la gestion des partenariats, l'économie du développement, l'agroécologie, la recherche-action, l'évaluation de l'impact des projets et l'autonomisation des femmes.

Au cours des neuf éditions du Master (2010 - 2019), environ 200 étudiants du Burkina Faso, du Bénin, du Togo, de la République démocratique du Congo, du Niger, du Tchad, de la RCA, du Cameroun, de Madagascar, de l'Italie, de la Belgique et de la Suisse ont été formés, dont beaucoup travaillent maintenant avec succès pour des agences gouvernementales, des organisations internationales et des ONG.

A partir de maintenant, et jusqu'au 15 juillet, il est possible de s'inscrire à la dixième édition 2020/2021 du Master Agrinovia par ce lien et de participer à une formation internationale, à la fois théorique et pratique, qui permet aux participants d'acquérir les compétences techniques et socio-économiques nécessaires pour travailler, avec une approche innovante, efficace et durable, dans des projets, des programmes et des institutions nationales et internationales engagés dans le développement durable.

En plus du Master, l'offre de formation d'Agrinovia comprend des cours intensifs (une ou deux semaines), très professionnalisants et de haut niveau pour le personnel des projets sur des sujets tels que l'autonomisation des femmes pour le développement rural, l'analyse de la sécurité alimentaire, l'évaluation de l'impact des projets de développement. La prochaine formation intensive, intitulée "Genre et développement rural : concepts, outils, actions", prévue pour mars 2020 à Niamey mais reportée en raison de problèmes de santé bien connus, aura lieu au Niger cet automne.

L'Université de Roma Tre, grâce au support financier de l'Agence italienne de coopération au développement (AICS), soutient Agrinovia depuis 2010. Sa contribution consiste à apporter une expérience pédagogique éprouvée sur des questions telles que l'analyse socio-économique des situations de pauvreté en milieu rural, la promotion du développement humain et de la sécurité alimentaire et à accompagner Agrinovia dans les aspects managériaux et organisationnels.

Ph: http://www.caimipiccinni.com/

Le SLAPIS: un système d’alèrte précoce capable de réduire les risques d’inondation de la Sirba au Niger

La région sahélienne a été exposée récemment à une augmentation drastique des inondations. L'augmentation des débits fluviaux est principalement causée par l'augmentation des événements pluviométriques extrêmes[1], les changements d'utilisation des terres et la dégradation des sols[2] qui ont conduit à l'érosion régressive et à l'intensification du réseau de drainage de surface[3].

Au cours de la dernière décennie, l'augmentation, en termes de fréquence et d'intensité[4], des inondations ainsi que la croissance démographique ont causé des dommages importants et sans précédent aux populations[5]. Ces événements catastrophiques ont incité les gouvernements à solliciter le soutien de la communauté internationale pour développer des Systèmes d'Alerte Précoce (SAP) pouvant aider les communautés vulnérables.

La Sirba, fleuve transfrontalier entre le Burkina Faso et le Niger, est le principal affluent du moyen bassin du fleuve Niger et est l'une des principales causes des inondations dans la région. Le SLAPIS (Système Local d'Alerte Précoce pour les Inondations de la Sirba) a été mis en œuvre comme système pilote basé sur des produits et méthodologies existants pour être un système opérationnel et fiable qui pourrait être reproduit sur des bassins de petite et grande échelle.

SLAPIS, dont est disonibile la brochure, est un système intégré qui vise à promouvoir la prise de décision et les changements de comportement de l'approche réactive à l'approche proactive à différents niveaux, des communautés locales à l'administration centrale, pour la réduction du risque d'inondation dans les municipalités du tronçon nigérien de la rivière Sirba et plus en aval du fleuve Niger, y compris Niamey, capitale du Niger.

Le système a été conçu sur la base des besoins, capacités et technologies existants et appropriés au contexte local. SLAPIS est géré par la Direction de l'Hydrologie du Niger (DH) et a été produit par une collaboration multidisciplinaire, par le Polytechnique de Turin, le CNR Institut de BioEconomie (IBE) et par les Directions Nationales de la Météorologie et de l'Hydrologie (DMN et DH) du Niger, au sein du projet ANADIA2.0.

ANADIA 2.0 est un projet financé par l'Agence italienne pour la Coopération au Développement, qui contribue au développement d'une agriculture durable adaptée au changement climatique et moins vulnérable aux événements extrêmes pour soutenir la sécurité alimentaire au Niger. L'objectif spécifique du projet est d'étendre l'approche testée par ANADIA dans une deuxième région particulièrement touchée par les inondations, telle que la région de Dosso, en consolidant l'approche et en renforçant la collaboration entre les différents niveaux administratifs.

La philosophie de SLAPIS est de démontrer qu'il est possible pour les institutions et les communautés locales de mettre en œuvre un système simple basé sur les compétences et les outils existants qui utilise de manière proactive les mesures et les prévisions hydrologiques et hydrauliques pour réduire les risques d'inondation.

Le système est basé sur l'intégration des observations locales et des prévisions météorologiques et hydrologiques, à travers une plateforme d'information sur les risques, un mécanisme intégré d'information et de communication, la cartographie des zones inondables, des plans locaux de réduction des risques d'inondation et des actions de sensibilisation et de formation ciblées[6].

La mise en œuvre de SLAPIS a montré qu'il est possible de réaliser un transfert de technologie en intégrant l'état de l'art dans le domaine hydrologique et hydraulique et les résultats scientifiques dans le schéma de prise de décision adopté dans une zone rurale sahélienne et peut être reproduit dans n'importe quel contexte, même s'il est caractérisé par des lacunes de connaissances et structurelles.

SLAPIS couvre le tronçon nigérien de la rivière Sirba à travers la cartographie des zones alluviales, des stations de mesure hydrométrique et des modèles hydrologiques intégrés, des plans d'adaptation pour les localités concernées et une plateforme d'information sur la situation hydrologique fonctionnant en temps réel à l'adresse Web: www.slapis-niger.org.

SLAPIS a été développé sur les quatre composantes de base des systèmes d'alerte précoce basés sur la population[7] qui sont:

  1. Connaissance des risques

La connaissance du risque repose sur l'identification de quatre niveaux de vigilance et la construction de scénarios de risque qui y sont liés: vert (situation normale), jaune (crue fréquente), orange (inondation grave) et rouge (inondation catastrophique). Des niveaux d'alerte ont été identifiés grâce à la combinaison de l'approche non stationnaire de la théorie des valeurs extrêmes et de l'identification des impacts sur la vie humaine afin de quantifier l'effet du changement climatique en cours et de se connecter aux réglementations et modes opératoires en vigueur au Niger. Le modèle numérique hydraulique, créé avec le logiciel HEC-RAS, a été utilisé pour définir les zones d'inondation pour chaque scénario et le temps de propagation des vagues de crue. Le modèle hydraulique est basé sur la géométrie d'un modèle numérique de terrain mis en œuvre via des levés topographiques GPS et a été calibré avec des mesures de niveau et de débit effectuées dans le lit de la rivière[8].

  1. Services de surveillance et d'alerte

Les mesures et prévisions de débit dérivent en temps réel des deux stations hydrométriques automatiques installées sur le cours de Sirba et des prévisions de débit issues des modèles hydrologiques. Les prévisions hydrologiques adoptées proviennent des modèles GloFAS[9]  et Hype issus de la collaboration avec le Centre Commun de Recherche de la Commission européenne (CCR) et le Service Météorologique et Hydrologique Suédois (SMHI). Cinq echelles hydrométriques colorées ont été installées dans les villages prioritaires pour accroître la sensibilisation de la population. L'application Web SLAPIS a été développée selon les plus recentes normes d'interopérabilité et l'intégration de différents logiciels pour l'interface (GUI), la gestion des processus et des bases de données (PostgreSQL / PostGIS) et les produits d'interopérabilité des données via le catalogue open source (CKAN).

  1. Diffusion et communication

Le système de diffusion et de communication a été intégré au système national d'alerte conformément aux rôles et responsabilités des différentes institutions impliquées. Dès que le débit dépasse une seuil de surveillance, la plateforme génère un bulletin envoyé par la Direction de l'hydrologie (DH) aux autorités nationales et locales compétentes, selon les canaux et les formats convenus (email, téléphone, radio, sms, WhatsApp) selon à une approche descendante. Dans le même temps, les informations provenant des observateurs du village remontent suivant l'approche participative ascendante.

  1. Capacité de réponse

Le renforcement de la capacité de réponse suit la phase de définition des risques, matérialisée dans un atlas des zones inondables, et dans l'identification des éléments à risque, à travers des mesures de terrain et des images aériennes de haute précision réalisées au moyen d'un drone[10]. Les communautés locales ont participé activement à la définition des plans de réduction des risques d'inondation à travers une analyse participative des communautés locales pour la définition des mesures d'adaptation et d'atténuation à mettre en œuvre en fonction de chaque scénario de risque[11].

[1] Bigi et al 2018, https://doi.org/10.3390/cli6030073.

[2] Aich et al. 2015, https://doi.org/10.3390/w7062796.

[3] Descroix et al. 2018, https://doi.org/10.3390/w10060748.

[4] Tamagnone et al. 2019, https://doi.org/10.3390/w11010156.

[5] Fiorillo et al. 2018, https://doi.org/10.3390/cli6030059.

[6] Tarchiani et al. 2020, https://doi.org/10.3390/su12051802

[7] UNISDR, Developing early warning systems: a checklist, United Nations International Strategy for Disaster Reduction, Geneva, Switzerland, 2006.

[8] Massazza et al. 2019, https://doi.org/10.3390/w11051018.

[9] Passerotti et al. 2020, https://doi.org/10.3390/w12030620

[10] Belcore et al. 2019, https://doi.org/10.5194/isprs-archives-XLII-2-W13-207-2019.

[11] Tiepolo et al. 2019, https://doi.org/10.3390/su11154003.

Evénement final du projet de lutte contre la malnutrition infantile “Ressource Terre”

Le 26 mai 2020 a eu lieu l’évènement final du projet « Ressource Terre » cofinancé par l’Agence Italienne pour la Coopération au Développement (AICS).

L’évènement s’est déroulé en ligne et a vu la participation des représentants pays des ONG AES-CCC et Progettomondo.mlal, du Gouverneur de la région du Sud-Ouest, des Directions régionales de la Santé du Sud-Ouest et du Centre-Est et du Directeur de l’AICS de Ouagadougou, qui est intervenu en soulignant l'unicité de ce projet.

"Ce projet" a mis en évidence dans son video-message le Directeur Domenico Bruzzone "est le témoignage direct d'un nouvel demarche de l'aide internationale, capable de mettre au centre la recherche avec les communautés locales pour identifier des savoir-faire, des cultures rurales, des produits et des essences, qui montrent un potentiel inexploré et la possibilité de donner des contributions tangibles dans la lutte contre la malnutrition". La Programme Officer Chiara Ruffato est intervenu aussi en soulignant l'importance de l'échange des bonnes pratiques pour résoudre la malnutrition infantile et de l'éngagement de l'AICS, qui vise tojours à promovoir la collaboration entre la coopération italienne et les parteniares locales.

Le projet « Ressource Terre. Développement, transfert et adaptation des bonnes pratiques pour la sécurité nutritionnelle des enfants et des mères dans les régions du Sud du Burkina Faso » a été lancé en 2017 afin d’accompagner l’état Burkinabè dans la lutte contre la malnutrition à travers un consortium d’ONG, AESS–CCC et Progettomondo.mlal, qui a contribué à transférer des bonnes pratiques d’alimentation du nourrisson et du jeune enfant (ANJE) dans les régions méridionales du Burkina Faso.

Le projet, dont l’objectif était de réduire la prévalence de la malnutrition infantile sur 90 villages, a utilisé une approche multisectorielle qui se développait autour de trois axes stratégiques.

Pour ce qui concerne le premier axe, qui visait à promouvoir l'autonomisation des femmes rurales en mettant l'accent sur les questions de sécurité nutritionnelle, grâce aux activités du projet, 61 cellules d’éducation nutritionnelle (CEN) qui promeuvent l’agrégation sociale des femmes au niveau du village sur les thèmes de la nutrition sont devenues opérationnelles dans 61 villages des 9 communes du projet. De plus, grâce aux formations sur les indicateurs du cadre commun des résultats de la Politique Nationale de la Nutrition et sur les techniques de plaidoyer sur la nutrition, la capacité de plaidoyer sur les thèmes nutritionnels des groupements et des associations de femmes rurales a été renforcée aussi avec succès.

Le deuxième axe, dont le but était d’améliorer la performance et la durabilité des services publics en matière de sécurité nutritionnelle, a contribué, en premier lieu, à former 21 conseillers municipaux sur la Politique Nationale de la Nutrition et sur l’élaboration des plans communaux de nutrition et à former 27 opérateurs, 162 ASBC et 30 agents de santé sur l’ANJE et la stratégie CEN. Grace aux formations reçus, les ASBC ont pu mettre en place 4883 groupes d’apprentissage et de suivi du jeune enfant et des pratiques d’ANJE (GASPA), dans les quels 30.233 mères d’enfants ont pu être formées sur les bonnes pratiques d'ANJE en contribuant ainsi à la lutte et à la prévention de la malnutrition.

Enfin, quant au troisième axe, le projet a contribué tout d’abord à développer et à transférer des bonnes pratiques de production familiale pour la sécurité nutritionnelle basées sur l’horticulture et sur les produits forestiers non ligneux (PFNL), parmi lesquelles les feuilles de moringa et de baobab. Une installation pilote de 800 m2 de pisciculture familiale a aussi été réalisée dans le Centre-Est, qui permet de former des femmes et de transférer les techniques de pisciculture au niveau familial et au niveau des jardins communautaires. En deuxième lieu, le projet a renforcé les activités de transformation agroalimentaires du PFNL de 20 unités artisanales gérées par 600 femmes, qui ont été formées et motivées à travers le financement de microprojets ou des microcrédits pour achat de matière première. Enfin, le projet a permis de délimiter et donner aussi en gestion aux groupements des femmes 60,25 Ha de forêts de karité. Cela permet l’approvisionnement de la matière première pour la transformation en beurre de karité, le reboisement des superficies à karité et la production bio du beurre de karité, avec la possibilité d’exporter ces produits en Europe grâce à un partenariat avec des acteurs profit (Ferrer & Etifor). De manière générale, le projet a mis l’accent sur les PNFL comme solution supplémentaire pour lutter contre la malnutrition.

En conclusion, ce projet a démontré comment la synergie entre les deux ONG a permis d’offrir aux groupes cibles un paquet de services multisectoriels sensibles à la nutrition accessibles économiquement et culturellement aux communautés et susceptibles de produire le meilleur impact possible sur l’état nutritionnel et démontre encore l’intéret de promouvoir des approches intégrées dans les différents projets.