Une approche intégrée pour combattre la violence basée sur le genre au Niger

Au Niger, le pays où le taux de natalité (6,2 enfants par femme[1]) et la prévalence des mariages précoces (76% des filles se marient avant l’âge de 18 ans et 28% avant l’âge de 15 ans[2]) sont les plus élevés au monde, la violence basée sur le genre (VBG) est un phénomène bien trop courant. Selon une étude réalisée en 2021 par le Ministère de la Promotion de la Femme et de la Protection de l’Enfance, plus de 38% des femmes nigériennes sont des survivantes de la violence[3], tandis que d’autres rapports de la société civile attestent de chiffres encore plus alarmants (63%)[4].

“Le principal théâtre de production [des VBG] est l’environnement familial”, explique Safiatou Tamponné, Directrice de la promotion du leadership féminin auprès du Ministère. Il s’agit d’une combinaison de causes, notamment “la différence d’âge significative entre les conjoints, les relations de pouvoir inégales, l’absence de lois spécifiques contre les VBG et le manque d’application effective des lois existantes”[5].

D’autres organisations de la société civile identifient, encore plus tôt, une matrice socioculturelle enracinée dans la tradition et la religion : les VBG ne sont pas identifiées comme une violation d’un droit humain, mais comme un droit propre à l’homme en tant que mari ou père ; le problème reste incompris ou normalisé, laissant les femmes avec peu d’espoir.

À cela s’ajoute le rôle très faible des femmes dans les processus économiques, ce que Medeiros et Costa appellent la tendance à la “féminisation de la pauvreté”[6]. Au Niger, seuls 4,6 % des ménages dont le chef est une femme possèdent des terres arables[7]. La terre et le travail appartiennent à l’homme, et sans homme, une femme peut difficilement espérer maintenir une activité économique. Les cas des veuves ou des épouses abandonnées, contraintes de retourner dans leur famille d’origine ou – si elles sont répudiées – de vivre de la charité des autres, restent emblématiques.

                                                           

Dans un cadre d’une telle complexité, l’approche requise pour combattre les VBG est multidimensionnelle et intégrée. La stratégie mise en place par le gouvernement, la société civile et la coopération internationale combine la protection des femmes survivantes de la violence, la sensibilisation des communautés – à commencer par les femmes elles-mêmes – aux droits des femmes, et l’autonomisation socio-économique des femmes. L’objectif est de sensibiliser les femmes à leurs droits, de leur donner les outils nécessaires pour demander de l’aide lorsqu’elles en ont besoin et de réduire leur dépendance à l’égard de l’homme, qui est traditionnellement et légalement le chef de famille.

Cette approche est adoptée par l’AICS dans le cadre du programme “Initiative d’urgence pour les populations vulnérables des régions de Tahoua et de Tillabéry”, confié au travail des organisations de la société civile (OSC) italiennes ACRA, CISV, CISP, Intersos et CBM. Dans ces régions, la gestion des questions liées à la violence sexiste est compliquée par l’intensification des épisodes de violence armée et l’augmentation de la population déplacée, ce qui a mis le système de santé à rude épreuve. Selon une évaluation des besoins réalisée par les OSC du projet, il existe peu de services spécialisés dans le traitement sanitaire, la prise en charge psychosociale et le soutien juridique des victimes de VBG ; le personnel médical sur le terrain affirme ne pas disposer des outils (kits PEP et autres fournitures médicales), ni de l’expertise nécessaire pour apporter son aide dans les cas de violence liée au genre. Ceci s’ajoute aux problèmes préexistants tels que la stigmatisation des VBG et la normalisation (enracinée dans la superstructure religieuse-traditionnelle) des mariages précoces et forcés, le silence de la part des survivantes elles-mêmes, et la prévalence de systèmes extrajudiciaires de résolution des problèmes (souvent incarnés par des structures patriarcales telles que le chef du village ou le conseil des anciens). Tout ceci décourage les survivantes de VBG de se tourner vers les centres de santé pour obtenir de l’aide.

Dans ce contexte difficile, l’OSC Intersos – en collaboration avec CISP et CBM – intervient par le biais d’une action holistique qui comprend le renforcement des capacités des agents des centres de santé intégrés (CSI), la création de comités de protection, l’assistance aux besoins médicaux, psychosociaux, éducatifs et socio-économiques des victimes de violence, et une série de campagnes de sensibilisation aux normes comportementales qui touchent 3 500 femmes et hommes dans 21 villages. Selon l’OSC, le mécanisme le plus efficace pour répondre aux VBG s’est avéré être la réhabilitation d’espaces sûrs et conviviaux, qui permettent aux femmes d’accéder en toute sécurité aux informations et de développer un réseau de soutien pour contrer les mécanismes d’exclusion et de stigmatisation qui suivent souvent les VBG. “Grâce au travail de sensibilisation des communautés et des femmes victimes de violence, nous constatons que les femmes commencent à prendre conscience du problème et à signaler les cas de violence”, explique Fati Youra Saga, responsable de la santé. Il s’agit d’un important travail d’équipe, “ensemble nous pouvons sauver des vies”.

                                                         

Parallèlement, le projet “Femmes en action”, mis en œuvre par ACRA en partenariat avec CISV Onlus et Mooriben, répond à la demande accrue d’accès à la nourriture en renforçant l’appropriation par les femmes des processus de production alimentaire. “L’approche intégrée – explique la nutritionniste du projet – permet aux femmes d’accroître leur autonomie et, en même temps, d’assurer une alimentation adéquate à leur famille.” Parmi les activités, le projet prévoit la distribution de kits agricoles composés de matériel de production, de semences et de bétail pour 400 femmes vulnérables. Comme en témoigne une bénéficiaire anonyme du projet, “grâce aux kits agricoles distribués, nous pouvons profiter des fruits de notre travail à la campagne, surtout pendant la saison des pluies. L’année dernière, les pluies ont été très faibles et notre récolte aussi. Cette année, en revanche, nous serons en mesure de produire suffisamment de céréales, même pour faire face à la saison des pluies”.

Grâce à ces initiatives, la Coopération italienne aide les communautés cibles et plus de 12 000 femmes dans la prévention de la VBG, l’assistance directe aux survivantes de la violence et le soutien à l’autonomisation socio-économique des femmes vulnérables. Il s’agit clairement du début d’un long processus de renforcement et d’autonomisation des femmes qui nécessitera, pour sa réussite, la pleine participation de tous les organes sociaux et politiques du pays.

 

Pierpaolo Crivellaro, Communication Officer – AICS Ouagadougou 

Photos: Intersos Niger et ACRA Niger 

 


[1] Enquête Nationale sur la Fécondité et la Mortalité des enfants de moins de cinq (5) ans, (ENAFEME 2021). Retrieved online from: https://www.stat-niger.org/wp-content/uploads/rapport_enquete/ENAFEME_NIGER_20201_FINAL_REPORT.pdf

[2] UNICEF Africa (2018). Le mariage des enfants en Afrique de l’Ouest et du Centre. Retrieved online from: https://www.unicef.org/wca/sites/unicef.org.wca/files/2018-11/UNFPA-WCARO-UNICEF_FR_final.pdf

[3] Agence Nigérienne de Presse (26/10/2021). Niger: plus de 38% des femmes victimes de violences basées sur le genre. Retrieved online from: http://www.anp.ne/article/niger-plus-de-38-des-femmes-victimes-de-violences-basees-sur-le-genre-en-2021-etude

[4] Analyse selon genre Niger, ICE, 2017, p.27

[5] Agence Nigérienne de Presse (26/10/2021). Niger: plus de 38% des femmes victimes de violences basées sur le genre. Retrieved online from: http://www.anp.ne/article/niger-plus-de-38-des-femmes-victimes-de-violences-basees-sur-le-genre-en-2021-etude

[6] Medeiros, M. e Costa, J. (2008). Qu’entendons-nous par “féminisation de la pauvreté”? In International policy centre for inclusive growth.

[7] Analyse selon genre Niger, ICE, 2017, p.24

Burkina Faso: Coup d’état et la crise de #Djibo

Province du Soum, Burkina Faso [0]

Ces dernières semaines, le coup d'État au Burkina Faso de vendredi 30 septembre a retenu l'attention des principaux journaux du monde. Il s'agit en fait du deuxième coup d'État au Burkina Faso en huit mois - le troisième incluant une tentative ratée en début d'année - qui s'inscrit dans une dynamique plus large d'instabilité politique et de transition militaire au Sahel, due en grande partie à l'insécurité régionale croissante. La présence de groupes armés non étatiques, actifs au Burkina Faso depuis 2015, s'est ajoutée aux défis préexistants tels que les niveaux élevés de pauvreté de la population, le manque d'opportunités pour les jeunes et la dégradation progressive des sols causée aussi par le changement climatique, ce qui a mené à une détérioration notable de la situation. À ce jour, le nombre de déplacés internes dans le pays dépasse 1,5 million d'individus[1] et, selon les estimations de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO), plus de 40 % du territoire national échappe au contrôle de l'État[2]. Incapable d'apporter une réponse efficace à ce cadre complexe, le gouvernement de Roch Marc Christian Kaboré a été renversé par les militaires en janvier 2022 et remplacé, d'abord par le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba, aujourd'hui par le capitaine Ibrahim Traoré. Les deux hommes forts ont promis à la nation, lors de leurs prises de pouvoir, de lutter contre le terrorisme, de reconquérir l'intégralité du territoire national et de garantir la sécurité de tous les citoyens.

Si la sécurité est le premier et principal point à l'ordre du jour du nouvel homme fort burkinabé, l'étincelle de ce second putsch a été l'attaque de lundi 26 septembre contre un convoi de 150 camions, chargés de vivres et de ravitaillement sous escorte militaire, à destination de la ville de Djibo, dans la région du Sahel. L'attaque terroriste, qui a eu lieu dans la commune de Gaskindé, à une vingtaine de kilomètres de Djibo, constitue l’énième blessure infligée à la population de la cité sahélienne, qui vit désormais sous le blocus des groupes armés terroristes depuis février. 27 morts militaires, et entre cinquante et cent morts civils. Sans ravitaillement, la population de la ville s'est rapidement retrouvée à faire face à l'épuisement des réserves de nourriture, d'eau, de carburant, de médicaments et d'autres produits de première nécessité. Le lundi 03 octobre, le mot est venu que les huit premiers enfants sont morts de faim dans les rues de Djibo[3]. L’hashtag #Djibo a rapidement commencé à circuler sur les réseaux sociaux, en transmettant la requête urgente de ravitailler la ville sahélienne via un pont aérien de Ouagadougou. La première cargaison de ravitaillement organisée par les militaires est arrivée à Djibo le mardi 04 octobre[4], le lendemain celle organisée par les Nations Unies[5]. Ces actions ont permis d'apporter un premier secours à la population de Djibo en situation d'extrême nécessité, mais les besoins restent très élevés. Selon la Coordonnatrice résidente des Nations Unies au Burkina Faso, Barbara Manzi, « les approvisionnements aériens restent insuffisants pour répondre aux besoins de plus de 300 000 personnes ; il est essentiel d'ouvrir une route terrestre sûre »[6].

                                           

Le cadre de Djibo se révèle particulièrement complexe. Au cours des trois dernières années, la population de Djibo est passée d'environ 30 000 en 2019 à plus de 300 000 aujourd'hui - 360 000 selon certaines estimations[7]. L'augmentation exponentielle de la population est principalement due à l'afflux de déplacés internes et de réfugiés du Mali et du Niger. La région burkinabé du Sahel constitue, avec les zones de frontière du Mali et du Niger, la région transfrontalière du Liptako Gourma, l'un des épicentres de la crise humanitaire et migratoire en Afrique. La pression accrue sur les ressources disponibles, déjà limitées, a subi un nouveau choc début 2022. Depuis environ sept mois, l'accès à la ville est bloqué et les rues de Djibo sont infiltrées par des groupes armés. Cela a entraîné d'importants retards et limitations concernant l'approvisionnement et l'accès aux services et le marché des produits de première nécessité (nourriture, eau, médicaments, carburant). Plus de 354 000 personnes dans la province du Soum vivent sans accès à l'eau[8]. Les infrastructures d'approvisionnement de la ville ont été attaquées à plusieurs reprises et les communications téléphoniques ont été bloquées il y a plusieurs mois, obligeant les habitants et les travailleurs humanitaires à utiliser des systèmes alternatifs. L'attaque de Gaskindé, qui a mis en danger immédiat la vie de milliers de personnes vulnérables à Djibo (enfants, femmes enceintes, allaitantes, malades), a remis au centre de l’opinion publique la question de Djibo et l'urgence de trouver une solution rapide. 

La communauté humanitaire, composée du système des Nations Unies, des ONG internationales et des diverses expressions de la société civile locale, est active sur ce front depuis plusieurs années. Avec l'aggravation de la situation, l'action des opérateurs humanitaires s'est consolidée et a atteint un niveau considérable de coordination, interne et externe, qui a permis d'optimiser l'efficacité de l'aide et l'acceptation des interventions par la réalité locale – une mosaïque complexe et multiforme.

L'un des principaux acteurs de la Coopération italienne active sur le front de Djibo est l'ONG WeWorld-GVC, qui fournit - en coordination avec le PAM - des services de cash assistance et des vouchers électroniques pour permettre aux bénéficiaires d'acheter des produits de première nécessité. En parallèle, l'ONG mène des activités de résilience, principalement Cash4Work et la création de jardins maraîchers urbains, dans le but d'apporter un complément aux besoins alimentaires de la population en difficulté. Depuis 2021, environ 31 000 personnes déplacées accueillies à Djibo ont reçu une aide alimentaire de WeWorld-GVC et environ 1 000 ménages ont participé à des programmes de résilience.

 

« Notre méthodologie est basée sur le e-voucher, qui nous permet de collaborer directement avec des commerçants locaux, qui, sur la base du volontariat, décident de signer avec nous un contrat avec lequel ils s'associent à notre projet. C'est un mécanisme qui a un impact positif à la fois sur les bénéficiaires et sur le marché de Djibo. [...] L'assaut du convoi à Gaskindè a mis à genoux les marchés de Djibo, qui sont épuisés et par conséquent la population n'a plus rien à acheter » - Boureima Ramde, Chef du bureau WeWorld - GVC à Djibo.

 

« Pour le moment il n'y a pas de provisions dans la ville, notre seule bouée de sauvetage ce sont les convois, qui n'arrivent plus », raconte Azèta Zorome, déplacée interne de Kelbo. « A partir de 2020 je bénéficie exclusivement de l'assistance alimentaire de WeWorld-GVC, après l'arrêt forcé de leurs activités nous sommes obligés d'aller en brousse tous les matins pour ramasser des feuilles de sougouda pour nourrir nos enfants, ce qui nous expose aux risques d’enlèvement et de violence. Notre seul espoir réside dans les ravitaillements qui nous parviennent depuis deux ans grâce à WeWorld-GVC et nous espérons qu'un convoi arrivera bientôt pour reprendre les distributions ».

Selon Francesco Dal Pra, Représentant Pays de WeWorld GVC, « le cadre opérationnel à Djibo est extrêmement complexe. L'accès à la ville et les mécanismes d'approvisionnement sont limités ; le dispositif social de gestion de la crise est fragmenté et ramifié et implique un niveau considérable de coordination avec tous les acteurs impliqués et, enfin, l'énorme insécurité, à l'intérieur et à l'extérieur de Djibo, crée une peur générale à la fois liée à la sécurité individuelle et aux attentes liées aux solutions possibles à la crise générale. Malgré cela, la communauté humanitaire reste déterminée à poursuivre son mandat et à travailler en étroite coordination pour identifier les lacunes et intervenir où nécessaire. Quant à WeWorld-GVC, notre approche consiste à fournir une aide alimentaire et des solutions stimulantes au niveau familial qui peuvent permettre aux familles de répondre aux besoins les plus pressants et, à travers les interventions de résilience, soutenir un chemin d'autonomie qui amène les personnes impliquées à être protagonistes, et non bénéficiaires d'aides, afin de satisfaire leurs besoins ».

 

L'action de GVC constitue - selon les mots du Directeur régional de l'AICS Ouagadougou Domenico Bruzzone« un exemple clair de l'efficacité, de la rapidité et du caractère concret de l'aide italienne dans des contextes d'urgence, parmi lesquels la zone des trois frontières représente certainement l'un des théâtres les plus préoccupants. Ces deux dernières années, nous avons pu financer plusieurs initiatives du Programme Alimentaire Mondial au Burkina Faso, pour un total de 6.500.000 €, et ainsi contribuer à répondre aux besoins les plus urgents d'environ 235 000 personnes. Le cadre ne fait qu'empirer, mais nous restons convaincus que grâce à un effort commun et à une coordination optimale entre les forces gouvernementales, les acteurs humanitaires et de la société civile, et la coopération internationale, nous pouvons aider à identifier des solutions qui répondent aux besoins immédiats, mais qui vont aussi au-delà de la première urgence, pour permettre aux personnes touchées par cette crise atroce et sans précédent dans cette partie du monde de jeter les bases pour imaginer un avenir, de coexistence et de paix. Un avenir qui apparaît ici chaque jour plus loin ; et puis, jamais comme en ce temps, et en ce lieu, la réflexion d'Ortega y Gasset n'est valable : 'nous n'avons que notre histoire et elle ne nous appartient pas'».

Pierpaolo Crivellaro

 

                    


WeWorld GVC est l'un des acteurs de la Coopération italienne actifs au Burkina Faso, partenaire du PAM et membre de la Coordination des OSC italiennes au Burkina Faso (COIB). L'AICS Ouagadougou intervient dans la région du Sahel depuis plusieurs années à travers différents programmes en appui au PAM, dont « l'assistance nutritionnelle aux populations vulnérables des régions du Sahel et du Centre Nord au Burkina Faso - AID 12060 » et l'intervention de « assistance humanitaire et recovery des populations déplacées et des familles d'accueil au Burkina Faso - AID 12230", et le programme bilatéral au profit du Ministère de l'Agriculture, des Ressources Animales et Halieutiques "Renforcement de la Résilience des Populations face à l'Insécurité Alimentaire dans les régions du Centre -Nord et Sahel - AID 11005".

Médias et Voix de la Migration en Afrique de l’Ouest et du Centre

Niamey, 06-08 septembre 2022

La Conférence Régionale des Médias et Voix de la Migration en Afrique de l'Ouest et du Centre, organisée par le Ministère de la Communication, Chargé des Relations avec les Institutions du Niger et le Bureau Régional de Dakar de l’UNESCO s'est tenue du 6 au 8 septembre 2022 au Centre des Congrès de Niamey. La conférence marque la clôture du projet « Autonomiser les jeunes en Afrique à travers les médias et la communication », financé par l'AICS à travers le Fonds Afrique du Ministère des Affaires Étrangères et de la Coopération Internationale et mis en œuvre par l'UNESCO. L'action s'inscrit dans l'un des principaux axes d'intervention de la Coopération italienne au Sahel, la création d'opportunités économiques et d'alternatives valables au parcours de la migration irrégulière.

Pendant trois jours, la Conférence a réuni les représentants diplomatiques et les professionnels et experts clés de l'écosystème médiatique des huit pays d’intervention du projet - Cameroun, Côte d'Ivoire, Ghana, Guinée, Mali, Niger, Nigéria et Sénégal - offrant une formidable plateforme d'échange d'idées, expériences et meilleures pratiques. Objectif de la Conférence : assurer l'accès à une information complète et de qualité sur la migration et promouvoir le respect des droits et de la dignité des migrants. Concrètement, la Conférence a permis d'initier une série de débats sur les méthodes, priorités et recommandations pour l'élaboration de narratifs diversifiés, inclusifs, non stéréotypés et « autochtones » sur le thème de la migration, sur la lutte contre la désinformation, et sur les défis auxquels sont confrontés les médias dans toute la région.

Comme il ressort des débats, trop souvent, malheureusement, les histoires de migration se limitent à se concentrer sur les tragédies, l'illégalité, la victimisation ou, pire, la diabolisation du migrant, finissant par déshumaniser la figure humaine et l'histoire derrière chaque parcours migratoire. Cependant, la migration reste un phénomène complexe et multiforme, plein de défis et de difficultés, mais aussi de succès et d'espoirs. Ce n'est qu'en assurant une couverture informée, complète, multiforme et non stéréotypée du phénomène que les médias peuvent garantir la diffusion d'informations de qualité sur la migration - informations qui peuvent permettre à chacun de faire un choix réfléchi à chaque fois que le parcours migratoire se présente comme option.

Au cours de la première journée de la Conférence, l'AICS a participé et contribué, aux côtés du Ministre de la Communication, Chargé des Relations avec les Institutions du Niger SE Mahamadou Laoualy DAN DANO, à la Direction Régionale de l'UNESCO et aux Ambassadeurs des huit pays d'intervention du projet, à approuver le Déclaration de Niamey - document qui confirme l'engagement de toutes les parties prenantes présentes à soutenir le développement d'un écosystème favorable au développement d'une approche journalistique de la question de la migration avec les caractéristiques susmentionnées.

Au cours de la Conférence, une série de débats thématiques ont eu lieu, en séances plénières et en groupes, en aboutant à l'élaboration d'un plan d'action et d'une liste de recommandations qui seront partagées et adoptées au niveau régional.

 

L’Hôpital pédiatrique “Gianna Gaslini” en mission au Burkina Faso

Ouagadougou, 28 juin - 02 juillet 2022

 

Du 28 juin au 2 juillet 2022, l’AICS Ouagadougou a accueilli une délégation italienne en visite au Burkina Faso de l’Hôpital Pédiatrique Istituto Giannina Gaslini de Genova, institution d’excellence italienne dans le domaine de la pédiatrie et des spécialités pédiatriques, composée par le Dr. Ubaldo Rosati, Responsable de la coopération internationale pour la Direction de l’Institut, et par le Dr. Luca Ramenghi, Directeur de la néonatologie et de la maternité chez l’Institut.

A travers plusieurs visites aux structures qui opèrent dans le pays et des rencontres avec les experts et les représentants des organisations actives dans les secteurs de la santé et de la nutrition, la mission a permis de établir un panorama global de l’état des services médicaux et pédiatriques à disposition de la population et des besoins qui persistent dans le Pays, en particulier dans la capitale Ouagadougou, dans la perspective d’identifier des parcours et options pour une éventuelle participation de la structure génoise au Burkina Faso.

Au cours d’une semaine laborieuse, se sont tenues plusieurs visites de grande importance, notamment à l’Hôpital pédiatrique Charles de Gaulle, à l’Hôpital Saint Camille de Ouagadougou (HOSCO), au Centre hospitalier universitaire de Bogodogo, au CERBA-Lab, au Centre d’Accueil Notre Dame de Fatima (CANDAF) et à la représentation de l’OMS au Burkina Faso. Particulièrement importante la rencontre avec le Ministre de la Santé et de l’Hygiène Publique, SEM Dr Robert Lucien Jean-Claude KARGOUGOU ; l’échange avec le personnel et la représentation de l’OMS au Burkina Faso : et la réunion avec les organisations de la société civile italienne actives dans le secteur de la santé.

L’Ambassadeur Andrea Romussi et le Directeur Régional de l’AICS Ouagadougou, Domenico Bruzzone, se disent très satisfaits du déroulement de la mission, qui a permis de toucher du doigt la réalité concrète des infrastructures et des services pédiatriques actifs dans le pays, et d’identifier des opportunités de collaboration avec l’Istituto Gaslini. Conformément à la stratégie pays de l’AICS au Burkina Faso, la Coopération italienne est prête à soutenir des parcours de participation des structures d’excellence italienne dans les domaines “santé et lutte contre la malnutrition” et de la pédiatrie périnatale dans cadre de son propre partenariat traditionnel, et de nouvelles formules de collaboration avec des instances d’excellence en Italie.

 

Visite aux centres d’accueil UNHCR à Niamey et Maradi

Niamey et Maradi, 7-10 juin 2022

Dans le cadre des interventions d’assistance humanitaire soutenues par l’AICS Ouagadougou au profit des populations affectées par le contexte d’insécurité régionale au Niger, une mission a été organisée pour visiter les centres d’accueil gérés par l’UNHCR Niger grâce aussi au financement de la Coopération italienne. La mission s’est déroulée au cours de 4 jours dans la région de Niamey et de Maradi, en touchant le centre de réfugiés d’Hamdallaye et les “villages d’opportunités” dans les villages de Garin Kaka, Dan Dadji Makaou et Chadakori, avec la participation de Riccardo Capocchini, Coordinateur AICS des Programmes Humanitaires, Veronica Marcon, l’Assistante AICS pour les Programmes Humanitaires, et une délégation de l’UNHCR, dont il faisait partie également Kahilo Jose Katunda, Représentant Adjoint. La mission a permis d’effectuer un suivi de l’état d’avancement des activités concernant les projets mis en œuvre par l’UNHCR au Niger avec un financement de l’AICS, notamment « Emergency protection and basic needs response intervention for Nigerian refugees in Maradi, Niger – AID 12058 », « Protection response for refugees and host populations in the Maradi region – AID 12306» et « Protection response for refugees, internally displaced persons and host communities in Central Sahel (Niger) – AID 12361».

 

Le premier jour de la mission, la délégation a visité le centre de réfugiés d’Hamdallaye, qui accueille actuellement 467 réfugiés, notamment des éthiopiens, des érythréens et des soudanais, évacués de Libye par le biais du programme de mécanisme de transit d'urgence (MTE) ou transférés du centre des réfugiés d'Agadez. Les services offerts et les activités menées dans le camp comprennent, entre autres, un soutien psychologique, une formation professionnelle en soudure et en couture et des cours d'anglais. Le camp est équipé de terrains de sport, de centres d'entraînement, de salles de classe, d'un centre de santé, d’un centre de soudure métallique et d'un jardin d'enfants. Quatre-vingt (80) maisonnettes en dur ont été récemment construites pour abriter les réfugiés qui actuellement vivent dans des Refugiees Housing Units (RHU).

 

Suite à la visite à Niamey, l’équipe AICS-UNHCR s’est rendu à Maradi ; après une rencontre avec les autorités locales, l’équipe a visité les « villages d’opportunités » (VO) réalisés par UNHCR à une distance sûre de la frontière d'au moins 50 km et à proximité des villages des communautés locales susceptibles d'accueillir les réfugiés. Actuellement, 3 972 ménages composées par 17 713 nigérians sont réfugiés dans les VO de Chadakori (7 919 personnes), Dan Dadji Makaou (5 434 personnes) et Garin Kaka (4 360 personnes). La contribution de l’État italien a permis d’améliorer les services de santé, à travers la construction et l'équipement d’un Centre de Santé Intégré (CSI) de type II dans chaque VO. Le personnel sanitaire affecté a permis aux patients d’avoir accès aux services essentiels tels que le conseil, les soins lors de l'accouchement, le suivi et le dépistage de certaines maladies chroniques, la vaccination et le suivi nutritionnel. La contribution italienne a permis à 81 308 personnes (37 051 en 2020 et 44 257 en 2021), tant des réfugiés (54 %) que des membres de la communauté d'accueil (46 %), d'accéder à des soins de santé primaires. Les financements de l’AICS ont également contribué à augmenter l'accès à l'éducation pour les enfants réfugiés, à travers la réalisation de 6 salles de classe à Dan Dadji Makaou, et à améliorer les conditions de vie des réfugiés, qui disposent aujourd’hui de 266 maisonnettes en dur.

 

Pendant les visites, la délégation de l’AICS a eu l’opportunité de rencontrer les communautés de réfugiés nigérians qui ont bénéficié du soutien de la Coopération italienne, en échangeant sur l’impact concret des activités de projet dans ce moment délicat de leur vie. Les femmes ont partagé leurs expériences concernant l’autonomisation économique et l’accès aux services de santé. Les hommes ont également mentionné le manque de disponibilité en terres cultivables comme le principal facteur limitant leur autonomisation. Toutefois, deux facteurs ont clairement facilité l'intégration entre les communautés de réfugiés et d'accueil, à savoir le rôle du chef de canton et la collaboration entre les autorités religieuses des deux communautés.

 A la fin des visites de terrain, deux réunions de débriefing ont été organisées avec les partenaires d’exécution pour identifier les principaux défis, notamment : les conditions de sécurité ; la coordination entre la multiplicité des acteurs ; l'accès à la terre par les réfugiés ; les obstacles culturels à la remontée des informations concernant les VBG et la protection de l'environnement.

En remerciant l’UNHCR et les partenaires locaux pour l’organisation de la visite et le travail effectué, l’AICS a exprimé pleine appréciation pour les bonnes pratiques observées, notamment la bonne intégration entre les communautés, l’engagement de l'État dans la prise en charge des salaires d'une partie du personnel des CSI et des enseignants,  et la bonne coordination entre les partenaires de mise en œuvre, en réitérant la nécessité de soutenir un engagement continu au profit des réfugiés des réfugiés dans la région.

Photos: UNHCR Niger

 

 

 

Forum National sur les Médias et la Migration au Niger

Niamey, 14-15 juin 2022

Les mardi 14 et mercredi 15 juin 2022, une délégation de l’AICS Ouagadougou a participé au Forum National sur les Médias et la Migration au Niger, organisé par le Ministère de la Communication, chargé des Relations avec les Institutions et l’UNESCO, dans le cadre du projet “Autonomiser les Jeunes en Afrique à travers les médias et la communication”, financé par AICS.

Le Forum a mobilisé les principaux experts et professionnels de l’écosystème médiatique nigérien pour engager une réflexion portant sur le développement de narratifs diversifiés et non-stéréotypés sur la migration dans la région. En effet, comme le Ministre de la Communication SEM Mahamadou Lawaly Dan Dano l’a remarqué lors de la cérémonie d’ouverture du Forum, les médias et les divers canaux de communication, y compris les réseaux sociaux, jouent un rôle fondamental dans la décision de chaque individu et de chaque famille à entreprendre le chemin de la migration. Malheureusement, la représentation du phénomène migratoire dans les médias nigériens et régionaux, comme plusieurs intervenants l’ont souligné, est souvent biaisée et déformée par une série de narratifs, tels que l’excessive victimisation, simplification, ou dramatisation des histoires des migrants ou la focalisation sur une seule route de transit, notamment celle menant à la Libye – résultante d’une tendance à la perpétration de narratifs créés à l’extérieure qui reflètent des points de vue et des intérêts différents, et souvent peu informées, des dynamiques au Niger. L’objectif dudit Forum consistait, donc, dans la définition de recommandations et d’un plan d’action pour permettre une véritable appropriation des narratifs.

Les travaux de groupe qui se sont succédés au cours des deux jours ont permis de délinéer des importantes observations et recommandations, organisées sur trois axes :

  1. La nécessité de renforcer les capacités des acteurs dans le domaine, s’agissant de la formation, de la logistique, et des ressources humaines, pour permettre une stabilisation et une durabilité de la profession ;
  2. Les démarches visant à faciliter l’accès à l’information – l’un des majeurs défis évoqués par les participants – et à lutter contre la désinformation ;
  3. Les mesures visant à favoriser une diversification des narratifs portant sur la migration.

Comme le Chargé de Communication AICS, Pierpaolo Crivellaro, l’a constaté, le soutien de la Coopération italienne au secteur s’insère dans l’axe de la création d’emplois et de parcours professionnels, principalement pour les jeunes et les femmes. La lutte contre la migration irrégulière est possible seulement à travers une véritable création d’opportunités économiques dans les pays de départ et de transit, ce qui permet aux individus et aux famille vulnérables de faire un choix réfléchi et non obligé.

Également, les médias, la culture et l’art offrent une plateforme pour présenter des opinions et des histoires diverses qui permettent à chaque individu de pondérer son propre choix. Il est donc crucial que la narration de la migration soit multiforme et nuancée, qu’elle inclue toutes ses facettes, les difficultés, les histoires dramatiques, la lecture sécuritaire de la thématique, mais aussi, la migration comme phénomène naturel et historique de l’identité nigérienne, les histoires de succès, les expériences des diasporas et des migrants de retour. La pluralité des histoires et des narratifs joue un rôle clé dans le dépassement d’une lecture monolithique et biaisée de la thématique. Cette pluralité doit inclure, premièrement, la thématique du genre, souvent invisible dans les histoires de migration, et la stigmatisation auquelle les femmes sont sujettes.

A la conclusion du Forum, le Coordinateur de Projet de l’UNESCO Joshua Massarenti et le Président de la Commission Nationale Nigérienne pour l’UNESCO et l’ISESCO Ibrahim Natatou se sont dit très satisfaits avec le déroulement du Forum, qui a permis de formuler et d’incorporer les différentes recommendations dans une liste qui sera soumise à la Conférence régionale sur les médias et la migration en Afrique de l’Ouest et du Centre, qui se tiendra à Niamey en Septembre 2022.


Reportage ORTN  | Article Agence Nigérienne de Presse |  Article Agence Nigérienne de Presse | Article Le SahelTV 5 Monde